Mi’gmaqs vers 1980

Assimilation et tradition ancestrale

Le témoignage de Roméo Labillois :

« Quand j’étais un enfant, dans les années 1940, j’entendais parler qu’une seule langue chez moi: le micmac. Dans la réserve, tout le monde parlait micmac. À cette époque, notre communauté [Restigouche] n’était pas unilingue. La plupart parlaient l’anglais, et quelques-uns parlaient aussi le français. […]

À l’école indienne de ma communauté, j’ai pris conscience de la réalité: il y avait un autre monde, et une langue totalement nouvelle, nommée l’anglais. À l’école, nous avons appris l’alphabet, nous avons appris à compter. […]

Je me souviens un peu des premiers jours passés à l’école. Par exemple, je me souviens qu’il était interdit de parler micmac, notre langue dans la classe et dans la cour. […] Nous avons appris l’histoire de l’Amérique, l’histoire du Canada, l’histoire universelle et la géographie du monde entier. Nous avons aussi enseigné la religion catholique, son histoire et les valeurs du catholicisme. Nous n’avions pas le choix. Il fallait qu’on apprenne, même si cela ne nous plaisait pas. Nous avons humblement accepté la situation. Nous avons appris à ne pas mélanger nos deux cultures: à la maison, nous parlions micmac; à l’école, nous parlions anglais. […]

Nos ancêtres autochtones ont pu survivre et faire survivre leur culture parce qu’ils formaient un peuple distinct. Ils savaient qu’ils étaient différents des colons français et anglais. Ces colons étaient venus s’établir sur leurs terres ancestrales. Ils ont survécu parce qu’ils tiraient leur subsistance de la terre et des ressources de leurs terres. Mais les colons ont enlevé ces terres aux Autochtones. Ils ont même placé les Autochtones dans des réserves. Ils ont perdu leur liberté. Ils ont perdu leur mode de vie. Ils ont seulement gardé leur langue et quelques terres. Ils les appellent leurs terres, mais elles ne leur appartiennent pas vraiment. […] »

« Il existe des langues autochtones depuis des temps immémoriaux. Il y avait des gens qui pouvaient parler ces langues pour communiquer. Aussi, ils transmettaient d’une génération à l’autre, leur savoir, leur sagesse, leurs coutumes, leurs usages, leurs principes moraux et leurs valeurs. […] »

Source: Jacques Maurais (dir.), Les langues autochtones du Québec, Québec, Conseil de la langue française [1992].

Author Basé sur des textes du Récit de l’univers social. Adapté avec des ajouts par LEARN.

* unilingue: qui parle une seule langue
* humblement: de façon humble (simplement, respectueusement)
* ancêtre: ensemble des personnes qui ont vécu il y a très longtemps
* réserve: village autochtone protégé par certaines lois

Capsule d’enseignement de FLS:
– adverbe (humblement)
– type de phrase: phrase négative

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