Nouvelle France vers 1745

Amène-moi à la ville

Ce matin, je me suis levé avant le soleil. C’est jour de marché à Montréal et je dois accompagner mon père. Nous allons vendre des légumes frais, des oeufs et du beurre.

Nous habitons Longueuil et pour nous rendre en ville, nous prenons un bateau, un traversier, pour passer le fleuve. Le propriétaire du traversier m’explique que la construction du mur autour de Montréal a duré vingt ans. Il n’y a pas de quai lorsqu’on arrive en ville. Il faut descendre sur la grève, près de la porte du Marché. Mon père discute avec les soldats qui surveillent la porte.

La place du Marché est petite. Elle se trouve entre la rue Capitale et la rue Saint-Paul. Il y a tellement de gens de partout qui viennent vendre et acheter des produits que le marché continue dans les rues. Nous sommes arrivés à 7h du matin. Les premiers acheteurs sont les habitants de la ville. Ils veulent de la nourriture. En effet, en ville, il n’y a pas assez d’espace pour cultiver du blé et avoir des animaux comme à la campagne. 

Nous avons réussi à tout vendre. Nous devons apporter du blé chez M. Gamelin pour payer les tissus, le sel et le vin qu’il nous a vendus l’hiver dernier. Nous tournons à droite sur la rue Saint-Paul. Ici, les maisons ont deux ou trois étages. Elles sont collées les unes sur les autres et sont toutes faites en pierre. Ces marchands doivent être riches pour avoir de si jolies maisons. 

  1. Gamelin habite une maison quatre fois plus grande que la mienne. J’aide son esclave à descendre du blé dans la cave pendant que M. Gamelin et mon père vérifient que tout est bon. Nous ferons encore une livraison de blé et tout sera payé. 

Avant de rentrer, nous faisons une petite promenade dans la ville. C’est très différent de la campagne. À Montréal, le roi a fait construire une citadelle un peu en hauteur près de la rue Notre-Dame. Comme ça, la ville est protégée par la citadelle et par les soldats. Aujourd’hui, on voit les soldats faire des exercices sur la place d’Armes. Plus loin, il y a la poudrière. Dans ce bâtiment, il  y a toutes les armes. La poudrière doit être très solide pour ne pas exploser ou prendre en feu.

En ville, il y a beaucoup de marchands et d’hommes importants. La dernière fois que je suis venu à Montréal, j’ai vu le gouverneur qui était là pour régler des affaires de cette partie de la colonie

Finalement, nous passons par l’église pour regarder le séminaire des Sulpiciens. C’est un des bâtiments le plus vieux de la ville. Il a déjà 60 ans. Je n’ai jamais vu une horloge aussi grande. Son mécanisme qui lui permet de tourner est en bois. De l’autre côté, des élèves se préparent à rentrer à la maison. J’aimerais bien aller à l’école, mais mes parents ont besoin de moi à la ferme. 

On revient sur la rue Saint-Paul. Plus on s’approche du marché, plus les maisons sont collées. La place est presque vide. Il faut rentrer à la maison avant que les soldats ferment les portes de la ville pour la nuit.

* grève : terrain plat avec du sable ou des cailloux au bord de l’eau. 
*  esclave : personne achetée qui fait des travaux pour son maître. Cette personne ne reçoit pas de salaire et n’est pas libre. 
* citadelle : forteresse pour protéger la ville.

AuteurLéon Robichaud

 

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